La préparation du Débarquement en Normandie

Après l’entrée en guerre des Etats-Unis en décembre 1941, les Alliés commencent la préparation de leur action militaire contre le Reich.  Tandis que le Premier ministre britannique Winston Churchill préconise un assaut en Méditerranée, les Américains optent pour une attaque sur les côtes de la Manche, suivie d’une grande opération au début 1942. L’échec du raid anglo-canadiens de Dieppe en août 1942 met rapidement un terme à ces projets. Il est encore trop tôt et l’opération Torch, le débarquement en Afrique du Nord, est devenue prioritaire. 

L’idée d’un second front ouvert à l’Ouest, que Joseph Staline réclame auprès de ses alliés depuis de nombreux mois, resurgit en mai 1943. Sous le nom de code d’Overlord, l’opération est programmée pour le mois de mai 1944. La partie comprise en France entre l’estuaire de l’Orne et Cherbourg est alors retenue pour créer la tête de pont sur la côte occidentale de l’Europe.

Créé en décembre 1943 le SHAEF est l’état-major interallié chargé de la préparation puis de la conduite de l’opération Overlord. Son commandant suprême est le général Eisenhower depuis janvier 1944.

Le choix de la Normandie

À partir de mai 1943, le commandement suprême allié doit déterminer précisément le lieu du débarquement sur l’interminable front de mer compris entre le cap Nord et la frontière espagnole. Les critères exigés sont clairement définis : la présence d’un grand port aux abords des plages d’assaut, l’existence de plages basses, un arrière-pays propice au déploiement de forces blindées, la proximité des aérodromes britanniques.

Des deux secteurs choisis, la Basse-Normandie et le Pas-de-Calais, le second est le plus proche mais le mieux défendu. En Normandie, région plus éloignée, le mur de l’Atlantique construit par les Allemands est moins imposant, et surtout inachevé. Les plages normandes, bien à l’abri des vents violents, ne sont pas loin du port de Cherbourg. Enfin cette région est facilement isolable du reste de la France, en coupant un à un tous les ponts sur la Seine et sur la Loire. Ces secteurs ont déjà été explorés par des raids de commandos britanniques en 1941 et 1942. Après l’opération menée sur Dieppe, vaste anticipation du Débarquement mais véritable échec, les raids seront repris sur ces côtes de la Manche.

L’extension du secteur du débarquement 

Les derniers ajustements de l’opération

Une première version du Débarquement est proposée sur un front d’une quarantaine de kilomètres, entre Courseulles et Grandcamp. Jugé trop étroit par le commandement suprême, ce secteur d’assaut est donc élargi à l’ouest, en y incluant la côte orientale du Cotentin, et à l’est, en reculant jusqu’à l’embouchure de l’Orne. De Quinéville à Ouistreham, le nouveau secteur ainsi délimité en février 1944 s’étend sur 80 km, soit le double. L’étirement de ce front impose aux Alliés de revoir le nombre de divisions engagées, les moyens de leur acheminement et, par conséquent, la date de leur débarquement. Celle-ci doit répondre à trois conditions : le débarquement doit avoir lieu avant le lever du jour, à marée basse presque remontante, et lors d’une nuit de pleine lune pour le déploiement des troupes aéroportées. De tels impératifs ne sont réunis que quelques jours par mois. Le 17 mai Eisenhower, le commandant suprême allié, fixe les opérations pour la date du 5 juin, voire le 6 ou le 7 en cas de mauvais temps.

Opération Fortitude 

Avant de prendre pied sur les côtes françaises, les Alliés ont imaginé de vastes campagnes d’intoxication regroupées sous le nom de Fortitude et destinées à convaincre les Allemands d’un débarquement dans le Pas-de-Calais. Les services de renseignement alliés inondent alors les Allemands de faux renseignements sur le lieu, mais aussi sur la date du Débarquement. De vraies armées mais une logistique de carton-pâte sont déployées dans le sud-est de l’Angleterre dans la région du Kent : aérodromes fantômes, complexe pétrolier fictif construit près de Douvres, véhicules gonflables, avions en bois alignés dans les champs et le long des routes… Des missions d’observation et de bombardement sont menées régulièrement au nord et au nord-est de la France.

Un état-major pour un haut commandement fictif exercé par le général Patton est même installé pour la circonstance, le FUSAG, le First United States Army Group. Faux QG, fausses infrastructures, faux parcs de matériels, mais aussi fausses liaisons radio avec Montgomery et très nombreux messages codés envoyés sur les ondes. En mai 1944 le maréchal von Rundstedt reste persuadé que le débarquement aura lieu au nord de la Seine. La supercherie marche si bien que les Allemands ont longtemps cru qu’un second débarquement aurait lieu dans la région de Calais en juillet, avec une armée deux fois plus nombreuse que celles qu’ils allaient découvrir le 6 juin 1944.

Char gonflable mis au point par les Alliés dans le cadre de l’Opération Fortitude.

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